dimanche 18 août 2019

Réquisitoire de Desproges contre Sapho


La chanteuse Sapho a servi de prétexte à Pierre Desproges pour descendre en flammes, au cours d’un de ses Réquisitoires du Tribunal des Flagrants Délires, la totalité des politiques se croyant obligés de reprendre à leur compte le leit-motiv inauguré par De Gaulle, et consistant à s’adresser, non pas aux « Français », mais à cette entité contraire à la syntaxe habituelle : « les Françaises et les Français ». Il ne pouvait pas prévoir que, ayant accédé au Pouvoir suprême, Macron pousserait cette manie jusqu’à l’absurde, et serait dès lors imité par la totalité de la classe politique.
Écoutez donc cette volée de bois vert, elle est revivifiante, et totalement respectueuse du bon sens français, qui tend à se perdre dans les sables du désert linguistique.

vendredi 21 décembre 2018

Fantaisie-Impromptu de Frédéric Chopin

Pourquoi la Fantaisie-Impromptu de Frédéric Chopin est-elle difficile ? Parce qu’elle se joue rapidement ? Pas vraiment, car bien des morceaux sont encore plus rapides. Non, il y a une difficulté qui la rend très délicate à jouer, et qui nécessite un entraînement intense. Voyez plutôt l’image ci-dessous, qui représente le début de sa partition (cliquez dessus pour la voir mieux) :


Reportez-vous à la cinquième mesure, marquée de la nuance p (pour “piano”). La main gauche joue deux groupes de trois notes, et, pendant ce temps, la main droite joue deux groupes de quatre notes – une de moins au démarrage. Je crois, sans en être certain, que les pianistes parlent alors de “trois pour quatre”.

Or, la difficulté de jouer en même temps des notes qui ne sont pas synchronisées est extrême. Vous en aurez une idée si vous faites cet exercice très simple : asseyez-vous devant une table, et tapotez-y trois notes, sur un rythme régulier, avec votre main gauche, pendant que vous en tapoterez quatre avec la main droite. Vous constaterez que ce n’est pas si facile !

Soit dit en passant, il est beaucoup plus facile de jouer deux notes à la main gauche pendant qu’on en joue trois la main droite.

vendredi 22 juin 2018

Les mouettes attaquent Bodega Bay !

Comment a-t-on réalisé la séquence pendant laquelle un groupe de mouettes attaquent la localité de Bodega Bay dans The birds, le film d’Hitchcock ?

D’abord, cette séquence n’a pas été réalisée par Alfred Hitchcock. Il a seulement autorisé Albert Whitlock, responsable des effets spéciaux, à faire comme il l’entendait. Ensuite, le tournage de la séquence n’a pas été fait à Bodega Bay, mais dans les studios Universal, à Hollywood. Voyez plutôt cette vue aérienne de la petite ville :



Si vous avez visionné la séquence en vidéo du film original (vérifiez !), vous avez peut-être constaté que rien ne bouge dans la partie apparaissant ici en couleurs, ni véhicules, ni bateaux, ni êtres humains. Et pour cause, c’était une peinture faite par Whitlock pour l’occasion – ce qu’on appelle en cinéma un matte painting ; autrement dit, un cache. Whitlock était un véritable artiste dans ce domaine, et les peintures qu’il a réalisées au cours de sa vie ont illustré plus de cinq cents films et téléfilms, dont un grand nombre pour Hitchcock et trois épisodes de Columbo. Sur celle-ci, vous remarquerez une large surface noire, destinée à recevoir la scène qui a réellement été tournée... sur un parking des studios Universal. D’ailleurs, cette scène réelle, la voici, quoique en noir et blanc :



Vous constaterez que cette zone a exactement la même forme et les mêmes dimensions que celle qui n’a pas été représentée dans la peinture précédente. On peut y déceler l’incendie dans la trace noirâtre aboutissant à la station-service, au tiers de la largeur et à la moitié de la hauteur de l’image réelle. Une fois assemblées ces deux images, voici ce que cela donne, et cette fois, les flammes sont vues en blanc (orange dans le film en couleurs) :



Restent deux mystères : où se trouvaient les mouettes, et où était placée la caméra ?

Répondons d’abord à la première question : le nouveau parking des studios Universal où a été filmée la scène de l’incendie se trouvait au pied d’une colline, qui dominait le tout d’assez haut. C’est là, au bord de la falaise, qu’on a installé la caméra. Quant aux mouettes, qui ne fréquentent pas beaucoup Hollywood, c’est encore Albert Whitlock qui proposa la solution, car il avait appris qu’on en voyait beaucoup sur l’île Santa Cruz, à cent kilomètres environ de Santa Monica. Il décida d’y envoyer un caméraman, avec la consigne de poser sa caméra en haut d’une falaise, et, de là, de... jeter des poissons dans la mer. Attirées, les mouettes se sont précipitées sur l’aubaine, et le caméraman n’eut plus qu’à les filmer.

À ce stade, la production disposait donc du décor composite de la scène (la peinture, plus la scène de l’incendie) et de vingt secondes de film montrant un vol de mouettes piquant vers l’Océan Pacifique pour attraper au vol des poissons qu’on leur jetait. Restait à incorporer les mouettes dans la scène.



Gros travail, car il fallait isoler chacune des mouettes de tout ce qui les entourait, le ciel et l’océan : voir l’image ci-dessus, en haut. Autrement dit, faire de la rotoscopie (voir ICI). Ce travail fut confié à « deux vieilles dames », selon Hitchcock, et leur travail dura... trois mois ! Voir également ci-dessus, en bas. C’était si absorbant et monotone que l’une d’elles démissionna avant la fin... Mais incruster des éléments dans une scène préexistante, on savait le faire depuis des dizaines d’années.

À présent, vous savez tout. Il ne vous reste plus qu’à revoir le film.

dimanche 29 avril 2018

L’évolution du dogme de Marie

Le personnage de Marie, mère de Jésus, tel qu’il apparaît aujourd’hui dans l’imagerie populaire, est le fruit de vingt siècles d’élaboration par l’Église catholique.
 

Les données


Les premiers textes chrétiens ne fournissent sur elle que des données infimes, vagues, parfois contradictoires. Les quatorze Épîtres de saint Paul, qui vécut entre -2 et 66, ne la mentionnent pas. Les quatre Évangiles canoniques, écrits probablement entre 98 et 145, ne la citent que dans quelques versets ; Marc, notamment, ne la met jamais en scène, il y fait seulement allusion de manière indirecte. Les deux généalogies de Jésus, celle de Luc et celle de Matthieu, qui d’ailleurs se contredisent mutuellement, aboutissent non à Marie, mais à Joseph, « descendant du roi David » : elles voulaient « prouver » que Jésus était de famille royale, thèse qui s’oppose à la fois au dogme de Jésus, « fils de Dieu », et à celui de sa conception « par l’opération du Saint-Esprit ».

La Marie des Évangiles canoniques ne croit guère à la mission de Jésus, lequel se montre d’ailleurs distant et même hautain avec elle. C’est ainsi que, dans l’épisode des noces de Cana, il est franchement désobligeant à son égard : « Femme, qu’y a-t-il de commun entre toi et moi ? », lui lance-t-il (Jean, II, 4). Et, quand quelqu’un lui dit que sa mère et ses frères sont dehors et veulent lui parler, il répond : « Qui est ma mère, qui sont mes frères ? », et, désignant ses disciples : « Voici ma mère et mes frères ! »

Croyant qu’il a « l’esprit dérangé », elle veut d’ailleurs l’arracher à ceux qui l’écoutent.

Les Évangiles synoptiques (Matthieu, Marc et Luc) ne mentionnent pas sa présence – d’ailleurs invraisemblable puisque les Romains interdisaient qu’on s’approchât du lieu de supplice – au pied de la croix ; cette scène n’est suggérée que par Jean, en deux mots dans le texte latin : « Stabat mater ».

Les frères et sœurs de Jésus


Les quatre Évangiles et les Actes des Apôtres mentionnent que Jésus avait des frères et des sœurs, et donnent le nom des frères : Jacques, Joseph, Simon et Jude, sans nommer les sœurs ni même préciser combien elles étaient. Voir Matthieu, XII, 46-47, XIII, 55-56 ; Marc, III, 32 et VI, 3 ; Luc, VIII, 19-21 ; Jean, VII, 3, 5 et 10 ; Actes, I, 14. Ce point, qui gêne considérablement l’Église, peut recevoir plusieurs interprétations :

- PREMIÈRE INTERPRÉTATION : Jésus, fils de Dieu, ne peut avoir ni frères ni sœurs : ce point de vue, qui semble contredit par le texte même des Évangiles et des Actes des Apôtres, doit recevoir une explication, que fournira saint Jérôme (voir plus loin).

- DEUXIÈME INTERPRÉTATION : Joseph et Marie ont conçu Jésus comme tout le monde, et ont eu d’autres enfants. Marie n’est pas restée vierge. À l’appui de cette thèse, on trouve le propos de l’évangéliste Matthieu, qui remarque que Joseph n’eut pas de rapports sexuels avec Marie jusqu’à la naissance de l’enfant, ce qui sous-entend qu’il en eut après. Matthieu avait affirmé que Marie était vierge, en lui appliquant, pour renforcer le mythe, une citation du prophète Isaïe prise dans l’Ancien Testament : « Voici que la vierge enfantera ». Mais la citation serait inexacte, car le mot hébreu alma employé par Isaïe, et qui signifie « jeune fille » ou « fille jeune », aurait été traduit à tort, dans le texte grec où Matthieu prit la citation, par le mot parthenos ; alors que, si Isaïe avait voulu parler d’une « vierge », il aurait dit bathoula, et non pas alma. Remarquons que Matthieu est le seul évangéliste qui raconte que Marie et Joseph étaient mariés : Luc dit qu’ils étaient fiancés, Marc et Jean n’évoquent ni la naissance ni l’enfance de Jésus.

- TROISIÈME INTERPRÉTATION : Joseph avait déjà été marié et avait eu six enfants, qui sont ainsi les demi-frères et demi-sœurs de Jésus. Cette interprétation ressort des apocryphes L’Histoire de Joseph le charpentier (texte écrit seulement au quatrième siècle, réservé à une diffusion en Égypte, et qui prétend que Joseph ne serait mort qu’à l’âge de cent onze ans) et le Protévangile de Jacques : Marie, consacrée très jeune au temple de Jérusalem par sa famille, puis devenue orpheline, aurait été confiée à l’âge de douze ans à Joseph, prêtre du temple de Jérusalem et charpentier, déjà âgé de quatre-vingt-dix ans et veuf depuis une quarantaine d’années, par le Conseil des prêtres du temple. Le mariage qu’ils ordonnaient devait rester « blanc », ce que l’âge avancé de Joseph garantissait. Or, il advint que Joseph dut s’absenter plusieurs mois, laissant Marie à la garde des enfants qu’il avait déjà, et qui étaient tous adultes : ses filles Lydia et Lysia, et ses fils, Judas, Juste, Simon et Jacques (notons la différence de prénom avec les Évangiles canoniques : Juste au lieu de Joseph, Judas au lieu de Jude). À son retour, il aurait trouvé Marie enceinte, probablement d’un de ses propres fils. Joseph serait ainsi, non le père, mais le grand-père de Jésus. Il est évident que cette thèse n’a pas l’agrément de l’Église catholique...

L’hypothèse, parfaitement arbitraire, mais conforme à ce que l’Église préférait offrir aux fidèles, selon laquelle ces frères et sœurs étaient des cousins et cousines, est due à saint Jérôme (331-420) : il avait trouvé, dans Jean, XIX, 25, une Marie de Cléophas (ou de Clopas), présente au pied de la croix, et que Jean prétend sœur homonyme de Marie – alors que jamais il n’a été question de cette prétendue sœur, ni avant ni après, dans aucun texte. Jérôme lui attribua lesdits enfants sans le moindre scrupule ni la moindre justification. L’Église s’empressa d’adopter cette hypothèse, pourtant contredite par le texte grec de référence (adelphos signifiant « frère » sans aucune ambiguïté, et en aucun cas « cousin »). Saint Jérôme alla plus loin, proclamant que « le Christ, lui-même resté vierge, est issu d’un mariage de vierges ». Or, on ne voit pas pourquoi, sinon Jésus, du moins Joseph serait resté vierge : dans le monde juif, l’ignorance de la femme, pour un garçon, est une sorte de malédiction sociale.

La « vierge » Marie


L’apparition de l’ange Gabriel à Marie, pour l’Annonciation, n’est mentionnée que dans Luc, qui écrivait en 120 ; celle de l’ange (anonyme) à Joseph n’est rapportée que par Matthieu, qui écrivait vers 145. Mais ils ne disent pas que cette intervention est la cause de la grossesse de Marie : il ne s’agit que d’une annonce, et l’annonce d’une grossesse naturelle – non pas miraculeuse. D’ailleurs, Jean confirme que Jésus est bien le fils de Joseph (I, 45 et VI, 42). Mais on inséra, semble-t-il, dans Luc, I, 34-35, un petit dialogue entre Marie et l’ange, annonçant une grossesse miraculeuse.

D’ailleurs, l’apôtre Paul, pourtant obsédé par la sexualité et farouche défenseur de la virginité, ne tire jamais argument de celle, supposée, de la mère du Christ, et ne parle jamais de la naissance miraculeuse de Jésus ; il affirme, dans son Épître aux Galates, que « Dieu envoya son Fils, né d’une femme » (et non « d’une vierge »). On peut supposer que, si Paul avait disposé de cet argument, il ne l’aurait pas laissé passer ! Quant à Jésus lui-même, il n’évoque jamais sa propre naissance.

L’épisode au cours duquel Jésus, vers l’âge de douze ans, s’attarde au temple de Jérusalem et se trouve ainsi oublié par ses parents, semble d’ailleurs contredire l’histoire des deux anges : si Joseph et Marie avait eu connaissance, par ces envoyés divins, que Jésus était le fils de Dieu, se seraient-ils angoissés de son absence, et surtout étonnés de la réponse qu’il leur fit lorsqu’ils le retrouvèrent : « Ne savez-vous pas que je dois être dans la maison de mon Père ? », réponse à laquelle, selon Luc, ils ne comprirent rien ?

Cependant, selon Celse, un païen lettré vivant à Rome et qui écrivit en 178 un Discours vrai contre les chrétiens, Jésus est le fruit d’un adultère que Marie commit avec un légionnaire romain nommé Panthera, et elle fut chassée par son mari, ragot déplaisant répandu dès le Ier siècle !

Il devint peu à peu courant, parmi les chrétiens, d’affirmer que Marie avait conçu Jésus en restant vierge – avec d’autant moins de réticence que beaucoup de religions comportent de tels épisodes où un héros, parfois un dieu, est né d’une vierge : rien qu’en Grèce, Héraklès et Dyonisos relèvent de ce cas, de même que Persée, né de la vierge Danaé fécondée par Zeus, qui lui apparut sous la forme d’une pluie d’or. Le culte de Zoroastre et celui d’Ishtar comportent aussi ce type de légende. En Orient, Mithra, dieu d’une religion locale, naît, lui, d’une pierre ! C’est d’ailleurs en référence à cette religion, fêtée au solstice d’hiver, que le pape Libère fixa au 25 décembre la date officielle de la naissance de Jésus, alors que certains indices mentionnés dans la Bible laissent plutôt entendre qu’il ne peut pas être né en cette saison (les troupeaux paissant dehors, en pleine nuit... en hiver !).

Quoi qu’il en soit, on considérait, au début, que Marie avait cessé d’être vierge en accouchant. L’Église remédia à cette « lacune » en s’appuyant sur un évangile apocryphe, le Protévangile de Jacques déjà cité, qui racontait que Marie était demeurée vierge même après l’accouchement : ce texte n’avait pas encore été rejeté parmi les apocryphes. Cependant, en 325, lors du Concile de Nicée, cette hypothèse n’est toujours pas officialisée, puisque saint Athanase (296-373) dit simplement que Jésus « est descendu des cieux, s’est incarné et fait homme ». C’est seulement en 381 que le Concile de Constantinople proclame que Jésus « s’est incarné par le Saint-Esprit, est né de la Vierge Marie ».

C’est en 382 que saint Jérôme « supprime » les frères et les sœurs de Jésus pour en faire des cousins, afin de conforter l’idée que Marie était restée vierge. Idée confirmée au Concile du Latran, au milieu du VIIe siècle, avec l’expression « Marie toujours vierge », qui apparaît pour la première fois officiellement.

Quasi-déesse


En 431, le Concile d’Éphèse proclame Marie « mère de Dieu » et condamne Nestorius qui niait cette thèse.

À partir du VIIe siècle, on soutint que Marie n’avait jamais commis aucun péché personnel ; mais elle conservait la tache du péché originel, conséquence de la désobéissance d’Ève. L’idée de l’en exempter date de 1140, où les chanoines de Lyon instaurèrent une fête en l’honneur de « l’Immaculée Conception de la Vierge » ; ce qui déclencha une controverse, laquelle dura sept siècles. Adversaire, notamment, de cette théorie : saint Thomas d’Aquin (1127-1274).

Le Concile de Bâle (1431-1449) soutient la théorie, mais il est déclaré « schismatique », c’est-à-dire que ses décisions ne sont pas valables. Le pape Sixte IV (1471-1484) interdit au clergé d’en débattre, sans succès. Le dogme de l’Immaculée Conception de Marie ne fut promulgué qu’en 1854, par le pape Pie IX, après les « apparitions » de la Salette (1486) et avant celles de Lourdes (1858). C’était la première fois qu’un pape proclamait un dogme sans avoir réuni un Concile. Il ne réunit Vatican-I qu’en 1870, pour faire proclamer l’infaillibilité du pape en matière de dogme, évitant ainsi toute discussion pour l’avenir.

Restait à proclamer l’Assomption du corps de Marie (l’Assomption de son âme est admise depuis le IIIe siècle). Ce fut l’œuvre du pape Pie XII, le 1er novembre 1950 : il avait reçu en tête à tête, et durant seulement six minutes, un très jeune enfant français, le petit Paul (que lui amena le cardinal Montini, futur Paul VI), et qui, sans doute dûment chapitré dès l’âge de quatre ans par un père qui n’avait pas réussi à devenir prêtre et qui s’était fait l’ordonnateur des « apparitions » dont l’enfant aurait bénéficié, prétendait lui apporter un message de Marie !

Marie était alors pratiquement divinisée !

Conclusion


Le 10 juillet 1996, le pape Jean Paul II rejetait fermement l’avis de certains théologiens qui avaient récemment présenté la virginité de Marie comme un symbole ou une forme de doctrine théologique, et non comme un fait ; il affirmait que « les Évangiles montrent que la foi en la conception virginale de Jésus était solidement enracinée dans les différents milieux de l’Église primitive », ce qui est loin de constituer une preuve. Et, le 28 août de la même année, il réaffirmait que Marie était restée vierge toute sa vie, « avant, pendant et après la naissance » de Jésus, et que celui-ci n’avait eu ni frères ni sœurs.

Références : L’imposture de Fatima, de Gérard de Sède ; L’homme qui devint dieu, de Gerald Messadié ; Jésus, par Jacques Duquesne ; Qu’a-t-on fait du petit Paul ?, par Marie Rouanet , « Le Canard Enchaîné » n° 3951 du 17 juillet 1996 ; les divers travaux télévisuels et littéraires de Prieur et Mordillat.

samedi 7 avril 2018

Font, Val et Léotard

L’image ci-dessus illustrait un tour de chant de Font et Val, quand ils avaient pris François Léotard pour cible.


Par la suite, Philippe Val  a prétendu qu’il ne rencontrait jamais Patrick Font en dehors de la scène. Bien entendu, tout le monde l’a cru !

vendredi 6 avril 2018

Le vrai Guevara


Absurde cette déification d’Ernesto Guevara, dont des millions de jeunes crétins affichent le portrait sur les murs de leur chambre ! Leur cher « Che » ne correspond que de très loin à la légende qu’on a construite autour de sa personne, celle d’un humaniste et d’un martyr révolutionnaire. Créée par des intellectuels qui ne le connaissaient que de très loin, soutenue par un tableau célèbre d’Andy Warhol, entretenue par les États-Unis qui n’avaient pour but que de valoriser un rival mort de Castro alors bien vivant, Guevara est un mythe, et sa véritable existence fut moins édifiante.

Sa jeunesse


Guevara naît en 1928 à Buenos Ayres, capitale de l’Argentine. Ses parents, Ernesto Guevara Lynch, militant de gauche, et Celia de la Serna, une femme cultivée, étaient des bourgeois, et lui donnèrent l’éducation de sa classe sociale. Seule ombre au tableau, il est asthmatique, ce qui ne l’empêche pas de jouer au rugby. Puis ses parents divorcent, et sa mère s’occupe seule de son éducation. Il entreprend des études de médecine, mais part en voyage avant de les terminer. Ce voyage, entrepris à motocyclette entre 1951 et 1952, en compagnie d’un camarade de faculté, Alberto Granado, est uniquement touristique, et donnera la matière d’un livre, Voyage à motocyclette. Le but : les États-Unis. Mais Guevara est expulsé de Miami. En 1953, il entreprend un autre voyage en Amérique latine, avec un autre compagnon, Carlos Ferrer : la Bolivie, puis la Guatemala, où il rencontre une belle communiste péruvienne qui l’initie au combat révolutionnaire et le met en relation avec des réfugiés cubains.

Le guerillero


Fuyant le Guatemala, il se marie à Mexico avec Hilda Gadea, a un fils qu’il prénomme Vladimir, et rencontre Fidel Castro, qui l’intègre à son groupe de guerilleros en qualité de médecin (alors que rien n’indique que Guevara ait passé son diplôme), en vue de sa prochaine opération armée contre le dictateur cubain Batista. Mais Guevara sera surtout combattant, et fort peu médecin. Dans la Sierra Maestra, il montre sa capacité à éliminer « traîtres » et « mouchards ». Quand la guerilla triomphe à la Havane, en 1959, celui qu’on surnomme maintenant « Che », à la tête de la prison de la Cabaña entre janvier et juillet 1959, fait exécuter 180 sentences de mort prononcées par un « tribunal révolutionnaire » – dont un garçon de quatorze ans, qui, mourant de faim, avait volé un morceau de pain –, avant d’être d’abord nommé à l’Institut national de la réforme agraire, puis directeur de la Banque nationale. Les condamnés de la Cabaña : des homosexuels, des chrétiens, des libéraux, « impossibles à régénérer ». Il s’en vantera en 1964 à la tribune des Nations-Unies : « Nous avons fusillé ; nous fusillons et nous continuerons à fusiller tant qu’il le faudra ». Puis il invente, pour les « déviationnistes idéologiques », les « camps de travail correctifs » dans l’ouest de Cuba, plus tard rebaptisés « unités militaires d’aide à la production », et crée les « dimanches rouges », journées de travail obligatoire pour compenser les défauts de production et le manque d’ouvriers.

Le dirigeant


Entre 1959 et 1965, Guevara dirige l’économie de Cuba, et applique les principes collectivistes et l’industrialisation forcée d’un pays essentiellement agricole, comme l’avaient fait Lénine et Staline en U.R.S.S., mais la pénurie qui s’ensuit oblige à instaurer des carnets de rationnement en mars 1962. Le déficit commercial, en deux ans, est multiplié par 26 ! Devant cet échec, et sans doute poussé par Castro qui l’a assez vu, il « prend congé » [sic] du gouvernement en mars 1965, et disparaît pendant plusieurs mois. Il laisse alors des lettres d’adieu, dont une adressée à Castro, qui ne devait être publiée qu’en cas de malheur.

En Afrique


Guevara s’embarque pour la Tanzanie, puis passe au Congo afin de le « libérer » [re-sic] en cinq mois... mais n’y reste que sept mois, car les idéologies du libérateur et des libérés ne correspondent pas. De là, il apprend que Castro a lu en public sa lettre d’adieu dans laquelle il renonce à ses responsabilités à Cuba... et à sa nationalité cubaine. Guevara est devenu indésirable à Cuba, à cause de ses attaques contre l’U.R.S.S. et de son ralliement aux Chinois. Guevara quitte l’Afrique pour passer en Bolivie.

La Bolivie


Guevara apparaît en Bolivie en novembre 1966. Lâché par Cuba et par Moscou, il est traqué dans une jungle hostile par la CIA et les rangers boliviens, alors que la population reste indifférente. Blessé, il tombe aux mains de l’armée bolivienne le 8 octobre 1967. Conduit à La Higuera, il est enfermé dans une école, et, le lendemain, sur ordre du chef de l’État bolivien, le général Barrientos, il est exécuté. Fidel Castro fit son éloge funèbre devant un million de Cubains : il n’avait plus à craindre de concurrent.

Références : « Valeurs actuelles » n° 2810, 12 octobre 2007 ; La face cachée du Che, de Jacobo Machover (éditions Buchet-Chastel) ; Che Guevara, de Jean Cormier (éditions Le Rocher) ; Voyage à motocyclette, d’Ernesto Guevara (éditions Mille et une nuits).

dimanche 11 février 2018

Adèle et Fred

Fred Astaire, né Frederic Austerlitz, né de parents d’origine autrichienne émigrés aux États-Unis, a débuté sur les planches à l’âge de quatre ans et demi, poussé par sa mère. En fait, il avait pour partenaire sa sœur Adele, de dix-huit mois plus âgée, et ils eurent beaucoup de succès. Bientôt, ils furent connus internationalement. Les voici tous deux, encore enfants (cliquez sur la photo pour l’agrandir) :



Mais, au cours d’un de leurs voyages à Londres, Adele fit la connaissance d’un aristocrate anglais, Lord Charles Cavendish, qui, tombé amoureux d’elle, la demanda en mariage. Elle accepta, ils se marièrent et eurent trois enfants. Si bien qu’Adele abandonna le métier d’artiste, ne joua dans aucun film, et que Fred se retrouva sans partenaire. Il se tourna alors vers le cinéma, et passa un test, dont le verdict fut : « Ne sait pas jouer. Ne sait pas chanter. Chauve. Sait un peu danser ». Quel flair, chez les recruteurs !